Chroniquer un nouvel album de Revenge sans tomber dans la redite relève tout simplement de l’impossible. Même si je me doute que vous avez probablement oublié depuis déjà belle lurette tout ce que j’ai pu vous raconter il y a cinq ans à l’occasion de la sortie de
Strike.Smother.Dehumanize, il faut que vous sachiez que les écrits qui vont suivre risquent bien d’employer les mêmes tournures, les mêmes termes et autres adjectifs, les mêmes comparaisons toujours aussi évidentes, le même champ lexical fleuri... Et tout cela à raison car comme on pouvait s’y attendre, ce nouvel album n’est pas bien différent de ses prédécesseurs, notamment depuis
Behold.Total.Rejection en 2015.
Avec ce septième album intitulé
Violation.Strife.Abominate, Revenge poursuit sa collaboration avec le label Season Of Mist et nous offre pour l’occasion son album le plus généreux de sa carrière puisque ce sont douze nouveaux morceaux que l’on va retrouver pour une durée qui avoisine tout de même les quarante-cinq minutes. Alors effectivement, en temps normal je n’aurais pas forcément tiqué sur la durée mais se farcir trois quarts d’heure d’un Revenge en forme olympique nécessitera tout de même de votre part quelques prédispositions essentielles pour espérer survivre et parvenir au bout d’un tel album sans avoir envie de faire une petite pause à mi-chemin. Comme à chaque fois, celui-ci se voit gratifié d’une illustration semblable mais pas identique à toutes celles figurant sur les précédentes sorties du one-man band. Une esthétique visuelle toujours aussi totalitaire pour une formule qui évidemment l’est toujours autant.
Servi par une production toujours aussi abrasive,
Violation.Strife.Abominate conserve également cet équilibre et cette lisibilité relativement récente que l’on ne trouve pas sur les premiers enregistrement du groupe. Une approche peut-être moins jusqu’au-boutiste qu’auparavant mais qui à mon sens s’est tout de suite avérée extrêmement payante, notamment pour nous autres pauvres auditeurs malmenés qui n’avons plus à batailler ni à souffrir pour saisir de quoi il retourne exactement.
À l’image d’albums tels que
Strike.Smother.Dehumanize et
Behold.Total.Rejection avant lui,
Violation.Strife.Abominate va voir Revenge reprendre sa blitzkrieg sans rien changer de sa formule ou de son dosage. Si on parle de Black Metal pour décrire la musique chaotique de James Reads, l’utilisation du terme Grindcore n’a cependant rien de farfelue. Il y a en effet dans le caractère radical et excessif de Revenge quelques parallèles tout à fait évident. De ces salves de blasts qui n’en finissent pas de nous pilonner les tympans à ces riffs chaotiques et aliénants joués avec une frénésie et une intensité implacables en passant par ces effets sur la voix de monsieur Read pour un résultat incompréhensible façon gerboulade il est vrai que les similitudes n’ont jamais manqué... Ajoutez-y ces fameuses remontées de manches et autres solos chaotiques si caractéristiques de la scène Black bestiale canadienne, les aboiements d’un James Read toujours aussi remonté et ces thématiques belliqueuses, autoritaristes et absolutistes et vous voila face à un album de Revenge qui n’a rien de bien nouveau à offrir si ce n’est la promesse une fois de plus d’enchaîner les bourre-pifs et autres corrections avec une violence et une détermination toujours aussi intactes malgré les années passées.
Comme toujours, Revenge prend également plaisir à apporter de nombreux contre-points à toutes ces séquences frontales menées évidemment le schlass entre les ratiches. Plusieurs séquences moins tendues permettent ainsi au groupe canadien d’apporter un peu de relief à une formule radicale et bordée dont il n’y a absolument rien à attendre de plus que ce que nous propose Revenge depuis déjà plusieurs années. Si certains moments font preuve d’une lourdeur bienvenue ("Treason Disrupt (All Are Guilty)" à 0:22 et 4:41, "Swine Tumult (On All Fours)" à 4:09), on appréciera surtout ces ruptures rythmiques pour le groove martial dont elles font preuve en plusieurs occasions ("Violation Unit (Balaclava Directive)" à 0:41 et 2:01, "Flashpoint Heretic (Flame Thrown)" à 1:30, "Strife Invocation" à 1:47, les premières secondes de "Revelation Emaciated (Chalice Abominate)", "Shockwave Iconoclast" et "Swine Tumult (On All Fours)", "Piety Vaporized (True Force)" à 0:28...). Quelques courts instants chaloupés qui permettent de trancher avec ces coups de boutoir pour le moins virulents et ces agressions quasi-constantes appliqués d’une main de fer par un Revenge toujours aussi intraitable et déterminé.
Bref, vous l’aurez compris, avec ce septième album Revenge ne débande pas. Certes la recette est connue et n’offre absolument aucune surprise mais le résultat, toujours aussi efficace et probant, permet de reléguer bien vite ces quelques points de détails aux oubliettes. Comme toujours, ceux qui n’ont jamais été sensibles aux charmes de la sulfureuse entité canadienne ne changeront probablement pas d’avis à l’écoute
Violation.Strife.Abominate alors qu’à l’inverse tous les dégénérés et autres Black Metal Skindheads continueront très certainement de s’extasier devant ce déferlement débridé de violence. Oui, Revenge continue de faire du Revenge et c’est très bien comme ça puisque que vingt-cinq ans après sa formation, James Read et son acolyte Chris Ross ne semblent montrer toujours aucun signe de fatigue et mieux, ils restent tous les deux d’une pertinence (en tout cas pour le genre) sans faille.
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