Putain de tristesse - Putain de tristesse
Chronique
Putain de tristesse Putain de tristesse
90% des personnes qui ont écouté cet album en ont dit le plus grand bien. Quant à Sakrifiss, il a apprécié 90% de l’album. Alors c’est censé être simple et imposer une note au-dessus du 8/10. Et pourtant, non. Ce très bon album a 7/10 tout simplement parce que les 10% des éléments qui m’ont déplu sont parvenus à déséquilibrer le tout. C’est vraiment gênant car sans de problème j’aurais été conquis. Quel est ce problème ? Les vocaux.
PUTAIN DE TRISTESSE est évidemment une formation française. Elle est portée par Aarunda qui a déjà commencé à se faire connaître pour son premier projet, DOSKA. Il a très vite trouvé un écho auprès d’un public sensible à son talent et à sa manière de procéder : tout faire lui même, se débrouiller avec les moyens du bord avec le plus de sérieux mais aussi le plus de sincérité possible. Ce sont des qualités qui se retrouvent sur PUTAIN DE TRISTESSE, mais dans un style différent. Ici, il n’y a pas la même évasion vers un autre monde, mais une explosion de ressentiments envers le mal-être d’un quotidien trop dur, débordant de violences morales, de dépression ou encore de harcèlements.
J’ai vu beaucoup de personnes classer ce premier album en black metal dépressif à cause de ses thèmes, mais c’est une présentation plutôt réductrice. Il y a bien des parties sombres qui vont inciter à abandonner la vie, mais les mélodies claires sont aussi nombreuses. Elles ne libèrent pas que de la mélancolie, mais apportent aussi des notes d’espoir et d’envolées. Sans doute découlent-elles de la libération d’avoir pu s’exprimer et d’en quelque sorte se débarrasser d’un poids. Même si cela peut paraître cliché, l’écriture et l’exécution de ces 6 titres ont sans aucun doute eu un effet thérapeutique et ont été l’occasion de mettre des mots et des sons sur un désespoir profond mal compris.
PUTAIN DE TRISTESSE lance ainsi sans le moindre filtre tous ses états d’âme, parvenant à s’exprimer en surpassant la honte de sa propre faiblesse. C’est comme l’extraction douloureuse d’un venin, suivie d’un sentiment de vide mais aussi de potentielle guérison. Les paroles sont sans équivoque, et beaucoup retrouveront leur histoire à travers celle d’Aarunda :
« Les traumas de l'enfance ont laissé des séquelles profondes dans mon âme
Les violences physiques, verbales, répétées, les cris et les larmes
Un hypersensible, hyper-rêveur dans un monde où l'horreur
Ce n'est pas que la guerre, la mort, les camps mais bien le quotidien
Harcelé, moqué, le bon élève au fort embonpoint
Incapable de rétorquer par peur de mal faire et surtout de faire du mal
J'ai traversé les portes de l'enfer lentement sans m'en apercevoir...»
Chaque composition est réussie car différente des autres tout en restant à la fois touchante et sincère. L’amour, la famille, la vieillesse, la maladie, la dépression, la perte de l’innocence sont abordées tour à tour avec justesse, à partir de paroles imaginées par l’auteur qui rappellent celles de maîtres de la chanson, comme Jacques Brel sur « La chanson des jeunes amants » qui reprend les « Mais mon amour, mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour. De l’aube clair jusqu’à la fin des jours. Je t’aime encore, tu sais, je t’aime…» de sa « chanson des vieux amants ».
Les vocaux. J’y viens enfin. Ils sont souvent justes, notamment sur le morceau cité à l’instant ainsi que sur « Putain de tristesse » où ils sont très impliqués et sur lesquels ils s’expriment en adéquation avec ce qu’ils chantent. Mais à beaucoup trop de choses, ils se montrent inexpressifs... Alors qu’Aarunda se dévoile à coeur ouvert, il fait appel à des effets metalliques sur sa voix, il varie trop peu les expressions, et ils n’atteint pas du coup les sommets d’émotion qu’il aurait pu nous offrir. Est-ce un manque de confiance en son chant ? Est-ce pour éviter de sombrer dans le pathos excessif ? Je ne sais pas mais j’ai trouvé que c’était dommage, que cela s’apparentait à un frein... Et j’aimerais donc qu’il se lâche et se cache moins derrière les effets. Il parvient dans sa musique et ses paroles à tout balancer, à devenir libre, comme sur « la mer », morceau instrumental contemplatif où il arrive à nous montrer cette mer magnifique baignée par le soleil qui s’étend devant ses yeux. Il prend même la liberté de ne pas chanter mais de placer un commentaire parlé : « Un putain de paysage magnifique, et tu n’en as plus rien à foutre... ». Il ne lui reste plus qu’à faire de même avec ses vocaux chantés...
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