Sidetracked - No Return
Chronique
Sidetracked No Return
Comment fait-on pour parler d’un disque dont les neuf titres culminent à deux minutes vingt-quatre secondes ? Et que penseriez-vous si je vous disais que la version vinyle est disponible pour douze dollars ? Bah comme toute personne normalement constituée vous vous diriez qu’il vous faut absolument cette bombe de fastcore parce que SIDETRACKED, depuis au moins 2001, envoie de la lave à l’état pur.
Bon, de l’aveu même de la formation, les titres présentés ici sont ressuscités directement à partir de vieilles cassettes de riffs, muy bien, mais est-ce qu’on ne s’en branle pas un peu ? Le résultat est juste dingue, alors que cela fait au moins cinq fois que j’écoute le disque depuis que j’ai commencé l’article. Donc que le riff ait été composé hier ou il y a dix ans, cela ne changera strictement rien.
En vrai, je galère à piger ce qu’il se passe. À peine le temps d’accrocher à un riff, à un plan sympa, à une pseudo ligne vocale, voilà que c’est déjà fini. Et, pourtant, dans des laps de temps aussi courts allant de six à vingt-neuf secondes, la formation réussit à te foutre la tête dans le sac parce que les titres se révèlent en fait largement plus intelligents que si c’était une machine grindcore lambda où tu as des mecs qui avoinent sans discernement. Ici, tu sens qu’il se passe quelque chose, qu’il y a un fond de garage rock (« Reach for Hope ») mal digéré, qu’il est nécessaire de posséder un substrat de génie maléfique pour torcher des morceaux pareils parce que si toi tu essayes, bah il y a de fortes chances pour que ce soit de la merde. Mais eux, non. Tu t’extasies, tu trouves des airs de hit à « Into the Ground » à cause d’un riff enfin mémorisable, tu te dis que « Complain » a duré deux fois plus longtemps que ta dernière prouesse sexuelle, que « Comfort in Pain » a le potentiel pour devenir un hymne de la génération perdue, qu’il y a mille groupes de hardcore qui chialent de ne pas avoir composé le pont de basse sur « Fades Away » à la huitième seconde, donc oui ce « No Return » en dépit d’une brièveté frôlant la précocité éjaculatoire, c’est un peu comme si Manuel Ferrara condensait dans ton cul en deux minutes l’intégralité de sa carrière et ça ce n’est pas rien.
Et pour peu que comme moi tu disposes d’une mémoire à faible portée, ces neuf titres tu risques de te les passer en boucle. Alors, certes, ils n’ont pas tous le même niveau de production, ce qui rend le résultat final encore plus bancal et incompréhensible, et si jamais tu es l’un des gogos à avoir acheté le vinyle, c’est bien, tu vas bosser tes squats parce qu’entre le moment où tu poseras le disque sur ta platine et celui où tu iras t’asseoir, tu n’auras pas encore le cul dans le fauteuil qu’il faudra déjà aller changer de face, et ainsi de suite jusqu’à ce que mort s’ensuive parce que ces neuf titres sont foutrement addictifs, donc tu voudras les écouter encore et encore, jamais assis, jamais debout, toujours arc-bouté sur tes guibolles en guimauve mais bientôt dures comme du fer à force de faire des allers-retours.
J’ai dit que c’était bien SIDETRACKED ? Ok, donc oui en dépit du fait que la durée du disque est inférieure au temps que tu mets le matin pour pisser (durée variable selon les prostates), ce « No Return » transpire la classe, je n’ose même pas imaginer ce que doit donner un concert. Quant à la note, zéro ou dix, je ne vois pas ce que cela changera à l’histoire…
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2 COMMENTAIRE(S)
citer | Ahah ! C est net :-) |
citer | Un disque de 9 titres pour une durée totale de 2'24 minutes. Si tu avais posté cette chronique il y a 3 jours, j'aurais pensé à un poisson d'avril, lol ! |
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2 COMMENTAIRE(S)
04/04/2025 15:27
04/04/2025 14:28