Iron Lung - Adapting // Crawling
Chronique
Iron Lung Adapting // Crawling
Le monde change – pas Iron Lung. Le duo Jon Kortland / Jensen Ward sort à la surprise générale un nouvel album après douze ans de silence discographique – quelques EPs mis de côté – et c’est comme si le temps n’avait pas eu d’effets sur lui.
Et tant mieux. Car bien que l’on parle de powerviolence, avec ce que cela suggère de changements de vitesse intempestifs, de court-jus qui électrisent directement, de tempérament punk aussi expéditif que le grindcore tout en restant punk, il n’y avait pas grand-chose à changer à la formule toute sauf formulique de la paire de Seattle. Adapting // Crawling s’adapte et s’écroule un peu plus que ses prédécesseurs, comme affiché, mais la patte si particulière du projet perdure. Iron Lung est toujours terne, presque mécanique, indubitablement industriel dans son propos où l’humain se fait écraser par une machine sans affects aucuns.
Un train de retard sur l’actualité – les paroles évoquant les virus et les pandémies –, ce quatrième album renoue avec la simplicité du coup de fouet Sexless // No Sex. Finies les expérimentations semi-ratées de White Glove Test, Adapting // Crawling remélange noise et powerviolence, accule de pilonnages volontairement répétitifs, quelques embardées bruitistes frôlant le noise-hardcore (« A Loving Act », morceau-fleuve de trois minutes trente ; « Cog II »). Pour autant, on ne se risquera pas à parler de variété sur ces vingt minutes qui s’assimilent en un bloc, un motif musical, éprouvant de lourdeur, liant l’ensemble en appuyant de plus en plus sur les points de côtés créés par les foulées éperdues successives. Une façon de jouer qui ne cherche pas à épater bêtement, ni à se cacher derrière une production béton (n’est-ce pas Nails ?) mais transmet à la fois le plaisir de la radicalité et celui de l’ambiance déshumanisante. L’industriel comme forme extrême du punk : voici ce que Iron Lung a toujours figuré et rien ici ne changera ce constat.
Un statisme qui fait franchement du bien. Moins impressionnant que Sexless // No Sex – plus constant ainsi que plus éreintant dans ses convulsions, tout en possédant le même sadisme –, Adapting // Crawling s’adresse avant tout aux mordus de la bande ainsi que de son label, pourvoyeur de saloperies adeptes de méchancetés tout aussi jouissives (Goaled, Stress Position, Intensive Care, Geld, Innumerable Forms, Internal Rot… du divers jamais primesautier). Un cerveau prompt à l’analyse notera malgré tout une exécution un poil moins impitoyable que par le passé, remplaçant la sauvagerie par un minimalisme dans les coups de boutoirs. Ce qui n’est pas nécessairement un défaut, l’étripage donnant l’impression de se pratiquer à la scie rouillée malmenée pour toujours démembrer. Un degré supplémentaire dans le sordide qui me rappelle ô combien Iron Lung se situe à-part dans la scène powerviolence et reste une formation précieuse derrière sa relative confidentialité.
| Ikea 1 Mai 2025 - 317 lectures |
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