Golem Of Gore - Ultimo Mondo Cane
Chronique
Golem Of Gore Ultimo Mondo Cane
Depuis que j'écris mes bafouilles chez Thrashocore, je ne me souviens pas d'une année blanche en terme de grosse déception - tu sais, celles où tu attends le disque avec impatience, le met dans la platine, et soupire "Putain, tout ça pour ça..." après vingt minutes ? Hé ben voilà, ça y est, on tient la première (et la seule, j'espère) pour cette année - du moins, pour ceux qui s'intéressent à la scène Goregrind.
Et quel dommage ! Golem of Gore, jusqu'à présent, obéissait à merveille à l'aphorisme "Make Goregrind Great Again", cousu de fil blanc (comme le disque qui nous intéresse) sur des casquettes rouges d'un goût douteux. Si les 15 splits en 6 ans (!), notamment avec Haggus, Nasty Face ou Lipoma comportaient leur lot de titres ultimes, c'est bel et bien leur tout premier long-jeu, "Madness Is the Beginning: Beyond the Darkness of the Brightest Gore", qui m'avait foutu le cul par terre. Publié en total indépendance il y a quatre ans, ses 32 minutes de riffless Goregrind, bourrées ras-la-gueule de blast-beats sur lit de siphon d'évier engorgé, dopé par une production épaisse comme une moquette de salle d'attente, avaient su faire chavirer mon petit cœur. Je suis une fille facile pour tout ce qui s'approprie, et cherche à transcender, l'héritage de l'intégralement parfait "Putrefaction in Progress" de LDOH. Autant vous dire que ce deuxième album, annoncé chez Everlasting Spew, je l'attendais au tournant. Surtout après avoir vu cette superbe pochette, signée James Wilson.
Bon, vous l'aurez compris, c'est raté. Mais pas à moitié : complètement. La minutie et le soin avec lesquels Golem of Gore s'évertue à régresser sur absolument tous les plans confère au génie. Je n'ai pas compris - et je ne comprends toujours pas. S'enfiler les 37 (!) minutes de cet "Ultimo Mondo Cane" d'une traite, sans piquer du nez, relève de l'exploit olympique. Mais bon, quand il faut y aller...
Premier écueil et clou du cercueil : la production. Comment Diable peut-on passer du mur compact de "Madness is the Beginning" à quelque chose d'aussi amateur, plan-plan ? Exit la batterie punition, les guitares qui bouchent les artères, et le chant proprement inintelligible qui venait parachever le tout, morceau de cerise dans la flaque de gerbe ? Le spectre est tout plat. La pauvre caisse claire se contente de clapoter, les guitares sont reléguées au second plan (vu la teneur des riffs, c'est pas plus mal, mais on y reviendra), le gargouillis des différentes saillies de voix prenant tout l'espace... Je n'ai pas d'explication. Même l'exécution est bancale : et quand elle n'est pas à la rue, elle est aux fraises ! Je ne crains pas le côté sloppy, en temps normal (la spontanéité peut bien souvent faire la différence), mais ici, j'ai l'impression d'écouter un groupe complètement différent. Un tribute-band d'Impetigo joué avec les pieds, un Gut chopé dans un bac à soldes, un Last Days of Humanity oublié dans la voiture en pleine vague de chaleur...
C'est là que le groupe se tire une deuxième balle dans le pied : En cherchant à "complexifier" une formule qui n'en avait franchement pas besoin. Sauf qu'en tentant de gagner quelques maigres points de QI, il sacrifie tout ce qui faisait son charme jusqu'à présent. Le quatuor ne veut plus se contenter de tabasser tête dans le guidon, il veut qu'on entende ses riffs et toutes les (fausses) bonnes idées qu'il aura mis quatre ans à développer, péniblement. Sauf que ça ne fonctionne pas, ou très peu, les ficelles sont bien trop grosses. "Ultimo Mondo Cane" joue des choses qu'on a déjà entendues cent fois ailleurs, mais sans âme ni fun. C'était bien mieux quand le groupe voulait se faire plus con que le reste du troupeau ! Ce n'est pas pour la qualité des riffs ou du mid-tempo de troisième division (sérieux, des titres comme "Methamphetamine-Drenched In Piss And Gore" en deviennent physiquement pénibles) que je vais chez Golem of Gore, pas plus que chez un Sulfuric Cautery ou un Cystgurgle, d'ailleurs. C'est plutôt pour me faire rouler dessus.
Des deux écoles du Goregrind, Golem of Gore n'en choisit aucune, garde alternée. Sauf que ça ne fonctionne pas. A tenter de faire le grand écart entre les ambiances putrides, inconfortables d'un Lymphatic Phlegm ou d'un Gored, et les hyperblasts qui auront fait les plus belles heures de leur discographie, les Italiens se vautrent royalement sur les deux tableaux. En résulte un album aussi excitant qu'un Powerpoint de réunion CSE. Pour qui ne connaît pas encore le groupe, "Ultimo Mondo Cane" peut s'avérer relativement divertissant. Pour ceux qui attendaient avec impatience la tête dans la fiente, semelle de cuir derrière la nuque, ce dernier opus des Italiens tient plus de la balade digestive. Tant pis pour eux, tant pis pour nous... Golem of Gore, c'était mieux quand c'était con.
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1 COMMENTAIRE(S)
citer | Je n'ai évidemment pas la même écoute que toi, parce que pas le même bagage en termes d'expertise goregrind mais je le trouve délicieux ce nouveau Golem of Gore. Il est certes moins extrême que le précédent, la batterie "pingue" moins, le chant ne ressemble plus à une vidange de fosse septique mais j'apprécie cette orientation davantage grind death, et puis il y a quand même toujours des tempos de maboule ! Je trouve que c'est aussi plus digeste à l'écoute du fait des nombreuses variations rythmiques. |
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05/07/2025 11:56