Gestation - Sentient Tumor
Chronique
Gestation Sentient Tumor
Vingt-et-un titres pour vingt-et-une minutes (enfin presque). Si à l'énonciation de ces chiffres le décor n'était pas encore totalement planté dans votre esprit, l'illustration graphique, peu subtile et éclaboussée de rouge, le nom du groupe à consonance médicale ainsi que les titres imagés de quelques-unes de ces compositions ("Chest Burster", "Slimey Juice", "Postnatal Abortion", "Nailgun Torture" pour ne citer que les quatre premières) devraient normalement vous aider à y voir plus clair. Car en effet, c’est bien de Goregrind dont il va être question aujourd’hui.
Originaire de Phoenix, Arizona, Gestation de son petit nom entame sa carrière avec la sortie en 2022 d’une première démonstration intitulée Suffering From The Start éditée au format cassette chez Suicide Of A Species Records (Grotesque Organ Defilement, H.A.R.M., Heinous, Haggus...). Moins de deux ans plus tard, le quatuor américain donne naissance à son premier album. Un disque intitulé Sentient Tumor paru une fois encore chez Suicide Of A Species Records (cassette) ainsi que chez Acid Redux Productions (vinyle) et Headsplit Records (CD). Sans surprise, c’est bien évidemment cette association avec le label de Dylan Laviolette qui m’a poussé à un achat à l’aveuglette (tout de même bien aidé par une chaude recommandation de David Mikkelsen d’Extremely Rotten Productions, Undergang, etc.) et comme souvent je ne regrette absolument pas mon choix.
À l’image de ce titre, à l’image du nom du groupe, à l’image du genre pratiqué, à l’image des titres de ces vingt-et-une compositions, le contenu de ce premier album n’est à la fois d’aucune originalité et surtout d’aucune finesse. Disque de Goregrind dans toute sa splendeur mais surtout dans toute sa décadence, Sentient Tumor aligne tous les poncifs du genre et cela pour notre plus grand plaisir. De cette production dépouillée à son plus simple appareil à cette caisse claire Téfal qui claque jusque comme il faut en passant par ces riffs à trois notes pas bien compliqués mais toujours hyper efficaces sans oublier évidemment ces gerboulades vocales absolument incompréhensibles ou ce groove de babouin décérébré, rien ne manque à une formule certes convenue mais qui a le bon goût de rester relativement décente (pas de chant pitché à mort, pas de boîtes à rythmes over the top, pas de production indescriptible...). Aussi, même si vous l’aviez déjà compris, notons que Gestation n’est pas du genre à tergiverser trop longtemps puisque le morceau le plus long de ce premier album culmine à seulement une minute et vingt secondes ("Chest Burster") alors que le titre plus court ne fait quant à lui que vingt-quatre secondes ("Turbowinter"). Bref, Gestation n’a vraiment pas l’temps d’niaiser.
Mais si avec ce genre de formule tout est dit en règle générale dès le premier titre, cela ne devrait pas pour autant vous empêcher de passer un bon moment en compagnie de Gestation. Entre ce riffing bien neuneu mais toujours très efficace, ces blasts mitraillettes servis avec générosité, ce growl aux allures de typhon bien chargé et cette intensité quasi-permanente, l’auditeur rompu à ce genre de douceurs ne devrait pas manquer d’y trouver son compte. Pour autant, Sentient Tumor n’est pas qu’un disque bas du front mené tête dans le guidon. En effet, même si les titres de ce premier album sont effectivement tous très courts et s’enchaînent sans temps mort ou presque, les Américains ne sont pas sans y apporter un peu de relief grâce notamment à plusieurs séquences au groove relativement imparable. De "Slimey Juice" à 0:54 aux premières secondes de "Deranged Home Invasion" en passant par "120" et sa première partie plutôt chaloupée, les introductions de "Bone Explosion" et de "Shovel", les derniers instants d’"Organ Crippler", "Testicle Noose" à 0:34 ou "Ruptured Catheter" à 0:11, les moments plus « dansants » ne manquent pas et permettent effectivement de rompre avec ces autres moments plus intenses menés le couteau entre les dents.
Vite fait, bien fait, Gestation a donc sorti l’année dernière un premier album pour lequel personne n’ira évidemment crier au génie mais qui à n’en point douter devrait ravir les amateurs de Goregrind et autres saloperies de ce genre. En l’espace de vingt minutes, la formation originaire d’Arizona nous offre tout ce que l’on est en droit d’attendre d’un disque de ce genre sans les mauvais côtés. Bref, un disque sale et efficace qui se contente de l’essentiel et qui à défaut de révolutionner quoi que ce soit va permettre à quiconque posera ses oreilles dessus de pouvoir se défouler comme il se doit pendant une vingtaine de minutes.
| | AxGxB 24 Septembre 2025 - 405 lectures |
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