Chroniquer un album de Metallica revêt toujours quelque chose de particulier pour moi, même un nouveau qui n'aura jamais l'aura des quatre premiers, si bon soit-il. On a tous un groupe fétiche, un groupe de cœur que l'on préfère à tous les autres pour différentes raisons (souvenirs, découverte, ou bien sûr juste musique). Un groupe dont seuls ses albums nous font un tel effet. Un groupe que l'on chérit et que l'on aime défendre, soutenir. Et pour moi ce groupe, c'est Metallica. J'ai beau écouter du bourrin, du Satan, du gore, de l'underground de chez underground, mes chouchous sont et resteront Metallica. Malgré mon statut de fan absolu, j'estime toutefois avoir le recul et la maturité nécessaires pour émettre un jugement le moins biaisé possible. Mais de toute façon, qui a envie de lire un avis tiède et réservé plutôt qu'un écrit vivant et passionné, même si l'on est absolument pas d'accord avec ce que ce con écrit?! Ce
Hardwired... To Self-Destruct, je l'ai accueilli comme un fan, avec toute l'émotion que cela implique, mais un fan critique qui sait faire la part des choses. Ce
Hardwired... To Self-Destruct, je vais le descendre, je vais le flatter. Je vais le repousser, je vais l'embrasser. Des attitudes contradictoires qui reflètent mes sentiments contrastés mais honnêtes.
Et on va commencer par la descente. Car c'est bien ce que j'ai ressenti aux premières annonces concernant ce nouvel album de Metallica, huit ans après le sympathique
Death Magnetic et que l'on ne pensait plus voir sortir un jour (
Lulu ne compte pas, on est d'accord?). Il y a d'abord eu ce titre d'album bien pourri.
Hardwired... To Self-Destruct, non mais sérieux?! Qu'est-ce que ça sonne mal! Il y a ensuite eu la pochette dévoilée. Et là, ce fut vraiment le drame. Jamais vu quelque chose d'aussi immonde! Et pourtant j'ai déjà vu mon arrière grand-mère à poil! Comment peut-on pondre un artwork pareil pour un groupe de la trempe des Américains? Concept nul, couleurs dégueulasses qui font saigner les yeux et j'en passe! Dire qu'il y a eu en plus une polémique sur un plagiat éventuel d'une pochette de Crowbar! Même l'honneur du vieux logo a été bafoué avec cet effet brouillé ultra moche! Le livret ne sauvera même pas les meubles une fois l'opus sorti et acheté le 18 novembre jour de sa sortie puisqu'il reprend le thème atroce de la pochette. Il y a enfin eu la nouvelle de la tracklist répartie sur deux CDs pour quasi une heure vingt de musique (une version deluxe en contiendra même trois avec "Lord Of Summer", des reprises et du live!). Là, on comprend que Metallica n'est pas guéri de sa manie de faire durer ses morceaux. Ça va être long!
Puis il y a eu la musique. Des premiers extraits très encourageants. Thrashy, pêchus, efficaces, inspirés, avec une production claire et puissante. Metallica poursuit son retour vers ses terres d'origine après un
Death Magnetic qui allait déjà dans le bon sens (à peu près). L'enthousiasme revient. Satisfait des avant-premières, je n'en écouterai plus une seule malgré les nombreuses critiques tombées sur les suivantes. Je verrais bien par moi-même!
Et, en effet, j'ai vu. Ou plutôt écouté. Je n'ai même fait que ça pendant presque un mois! Au fil des écoutes, mon avis évoluait. Négatif au début, positif ensuite puis de nouveau négatif puis plus contrasté, que ce soit sur le disque dans son ensemble ou au sein même des douze morceaux. Mon opinion change d'ailleurs toujours encore un peu aujourd'hui! Pas facile donc de se forger un avis définitif sur le dixième (eh oui!) album des Four Horsemen. La seule chose sur laquelle tout le monde tombe d'accord (hormis la laideur de la jaquette), c'est la longueur excessive de l'œuvre. C'est qu'il y a à boire et à manger sur ce
Hardwired... To Self-Destruct qui nous fait passer par tous les états. Alors oui le retour au old-school se voit confirmer. Au thrash aussi mais que sur quelques morceaux minoritaires. Metallica fait ainsi plus souvent dans le mid-tempo heavy que dans le tchouka-tchouka intensif. La différence entre les deux disques se fait d'ailleurs flagrante, avec un premier CD bien plus enlevé que le deuxième qui attend seulement la dernière piste, l'excellent "Spit Out The Bone", pour envoyer la sauce et rappelle même parfois l'époque
Load et
Reload (certains riffs et lignes vocales). Ce déséquilibre de vitesse (et de qualité, on va le voir) entre les deux parties rend l'album un peu bancal et trop hétérogène. On se dit du coup que
Hardwired... To Self-Destruct aurait fait un très bon opus de sept morceaux.
D'autant plus frustrant que la galette s'ouvre de fort belle manière sur un "Hardwired" des plus énergiques, mon titre préféré. Du pur riffing thrash qui balance comme Metallica n'en avait pas fait depuis un moment. Comme quoi le groupe peut encore composer des titres courts (3'09!), qui plus est savoureux! Ce sera toutefois le seul. "Atlas, Rise!" lève déjà le pied et baisse en qualité après ce départ en fanfare, avec un chant pas toujours génial de James Hetfield (1'15...). Ce morceau plus ou moins mid-tempo à la saveur heavy old-school (le premier riff, c'est presque du Satan!) et aux mélodies sympathiques reste toutefois appréciable. "Now That We're Dead" se fait lui encore moins thrash avec quasiment que du gros mid-tempo appuyé. Le pattern de batterie à 4'57 pourrait même faire penser à l'intro d'"Enter Sandman". Pas du tout mauvais cela dit après les premières écoutes décevantes, le refrain simple s'avère même plutôt entêtant. On change de catégorie avec "Moth Into Flame" qui revient à un son plus thrashy et propose de bonnes séquences mélodiques tout comme des lignes de chant bien rythmées. Un morceau percutant et inspiré qui fait partie sans conteste du top 3. On n'aura pas la même chance avec "Dream No More", la piste la plus faible du premier CD. L'intro lourde à la lead sombre et menaçante ainsi que le riff mid-tempo principal pas dégueu passent encore. Par contre, le chant un peu distordu qui suit fait très mal, à tel point qu'on dirait une vieille chute de
Load et
Reload. Difficile d'accrocher malgré une bonne lead mélodique à mi-parcours et un passage en twin guitars sur la dernière partie. Heureusement, "Halo On Fire" rectifie de suite le tir. Une power ballade à arpèges qui fait mouche grâce entre autres à un bon feeling mélodique et à la justesse du chant de Hetfield. Pas thrash pour un sou mais tout à fait touchant afin de finir la première moitié sur une bonne note. Il fallait bien ça pour encaisser le deuxième CD, de loin le moins bon. "Confusion" en ouverture aurait pourtant pu récolter mes louanges car cette chanson comporte quelques bonnes idées (ambiance sombre, dissonances, un chant intéressant sur les couplets, un riff mid-tempo simple et efficace, etc.) mais elle ne décolle jamais vraiment. Sans la trouver nulle, on a du coup du mal à s'enthousiasmer vraiment à son écoute. Ce sera aussi le cas de "ManUNkind", en pire. Un des morceaux les plus poussifs de
Hardwired... To Self-Destruct qui n'a pas grand chose pour lui si ce n'est une introduction douce avec de la basse ainsi qu'un passage très honorable au chant après la quatrième minute (le seul...). Sinon, trop mollasson, trop long (près de sept minutes) et les vocaux se révèlent limite ratés. "Here Comes Revenge" vient remonter la pente malgré un effet de gratte risible sur l'intro plombée qui essaye de faire menaçant. L'atmosphère sombre s'avérera par la suite mieux retranscrite, un des principaux atouts du titre avec du bon riff mid-tempo pêchu thrashy, notamment sur le refrain. Dommage qu'il s'étende beaucoup trop, au-delà des sept minutes, ce n'était pas nécessaire. La qualité chute à nouveau ensuite sur "Am I Savage?". S'il y a un clin d'œil à "Am I Evil?", il ne se trouve que dans le titre car les deux compos ne jouent pas dans la même cour. Hormis l'intro douce en son clair, un riff principal pachydermique pas mauvais et une séquence heavy old-school faisant penser à Night Demon tant dans le riff que le chant (
Am I Savage? Scratching At The Door), ce morceau reste relativement inintéressant, à commencer par certaines lignes de chant moisies à effets très
Load et
Reload (je précise que j'aime bien ce double-album mais que ce n'est pas ce que je veux écouter sur cet album censé revenir à un son à l'ancienne). Il y a même presque de la mosh-part à 4'13 et 6'13 (il y en aura une autre sur "Spit Out The Bone" à 5'23)! Le pire sera toutefois atteint sur "Murder One", sans doute le plus mauvais titre de
Hardwired... To Self-Destruct. Passée l'intro en arpèges correcte, le riff lourd dans tous les sens du terme qui suit sent déjà moins bon. Le chant pas du tout inspiré de Hetfield viendra anéantir tout espoir. Quelle mollesse, que c'est poussif! Et dire qu'il s'agit d'un hommage à Lemmy Kilmister de Motörhead! Ils ne pouvaient pas écrire quelque chose de plus rock 'n roll que ce titre mou du genou?! On finit par se dire que ce CD2 n'est vraiment pas terrible quand "Spit Out The Bone" retentit. Enfin un morceau qui envoie! Riffing thrash agressif, mélodies inspirées (twin guitars vers 4'00 même!), du tchouka-tchouka entraînant, un chant rageur, de la double et de la basse enfin mise en avant, "Spit Out The Bone" rejoint le top 3 de l'album sur la dernière marche derrière "Hardwired" et "Moth Into Flame" (ou la deuxième devant ce dernier, ça dépend des jours).
Voyez qu'il y a vraiment de tout sur ce
Hardwired... To Self-Destruct en dents de scie. Ça méritait bien un petit track-by-track explicatif (et si vous n'êtes pas content, je vous emmerde!). Certaines caractéristiques (les défauts principalement) se retrouvent toutefois dans chaque morceau. La longueur en premier lieu, sauf pour ce "Hardwired" direct dans ta face qui ouvre tellement bien l'album qu'on ne peut qu'être déçu par la suite. Moins flagrant, des introductions similaires à base de roulements de caisse claire plus ou moins rapides par exemple. Cela dit la performance de Lars Ulrich reste encourageante. Je n'ai d'ailleurs jamais compris cet acharnement contre le batteur d'origine danoise. Ce n'est pas Buddy Rich ou Max Roach mais il fait convenablement le taf et l'a toujours fait en ce qui me concerne. Il luttera peut-être en live sur les passages les plus rapides à la double mais tant pis, le voir avec la patate sur les morceaux les plus vivaces me comble de joie. Robert Trujillo, lui, reste sous-exploité même si sa basse se fait plus entendre que sur
Death Magnetic grâce à un mix plus avantageux. Il a même le droit aux honneurs lors d'un passage, certes court, sur "Spit Out The Bone". Quant à James Hetfield, sa performance reflète bien l'album. Des lignes vachement cools et des séquences beaucoup plus poussives. Le sujet qui fâche, c'est plutôt Kirk Hammett. On peut nous raconter qu'il a perdu son téléphone avec des tonnes d'idées de riffs dedans et qu'il a eu pas mal de problème dans sa vie ces dernières années, rendant sa contribution à la composition de l'album minime. Il n'empêche que sa prestation reste très en-deçà du grand Hammett que l'on a connu bien plus inspiré sur ses solos. Ceux-ci se basent davantage sur des effets de wah-wah à outrance que sur de véritables lignes mélodiques mémorisables. Certains ne s'en sortent pas trop mal ("Now That We're Dead" à 4'26, "Halo On Fire" à 2'11, "Confusion" à 5'31, "Am I Savage?" à 4'17, "Spit Out The Bone" à 5'57) mais comparés à ce que le bonhomme nous sortait à l'époque magique dès
Kill 'Em All, il n'y a pas photos. Rien qui me fait vibrer ici alors qu'il savait me transporter comme personne (surtout pas la SNCF).
Un nouvel album de Metallica, c'est toujours un événement. Parce que c'est rare déjà, mais aussi parce que les Mets restent le plus important groupe de metal du monde. Il n'y a qu'à voir les milliers de commentaires à travers le monde entre ceux qui applaudissent et ceux qui sifflent. Après trente-cinq ans de carrière, Metallica déchaîne toujours les passions, pour le meilleur et pour le pire. Et quoiqu'il advienne, le quatuor de San Francisco restera mon groupe ultime pour quatre raisons nommées
Kill' Em All,
Ride The Lightning,
Master Of Puppets et
...And Justice For All.
Hardwired... To Self-Destruct n'y changera donc rien, qu'il ait été génial ou raté, ce qu'il n'est ni l'un ni l'autre. Mais vous savez quoi? Ça fait plus de trente fois que je l'écoute et il passe bien finalement, même le deuxième disque. J'ai beau émettre tout un tas de critiques à son égard je ne peux m'empêcher de bien l'aimer, tout en restant lucide sur sa qualité. Oui, il est trop long, il n'y a pas assez de vrai thrash alors que quand ils balancent c'est excellent, ils abusent des gros mid-tempos balourds, Kirk ne s'est fait chier pour ses solos et certaines lignes de chant de James sont juste beurks. Mais il contient quelques très bons morceaux ("Hardwired", "Moth Into Flame", "Halo On Fire", "Spit Out The Bone" ou encore un cran en-dessous "Atlas, Rise!", "Now That We're Dead" et "Here Comes Revenge") avec de vrais bons riffs et de vraies bonnes mélodies. Les revoir thrasher encore plus que sur
Death Magnetic, même si pas tout le temps et pas aussi bien qu'avant, suffit à mon bonheur. Et puis bon, Metallica quoi merde!
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