Dark Forest - Oak, Ash & Thorn
Chronique
Dark Forest Oak, Ash & Thorn
Qu'avons-nous là ? Un groupe nommé "Dark Forest", formé en début de millénaire, traitant de moult sujets folkloriques et mythologiques tout en incorporant à leur musique une petite fierté nationale anglaise... à tous les coups, il s'agit d'un groupe de black metal ! Non ? Non. Rien à voir, même, ici on est sur un tout autre registre. On est sur du heavy assez doux, très même, à la frontière avec le power metal, tout droit hérité des légendaires Iron Maiden de par les mélodies de guitare et les constructions plutôt poussées des morceaux. De ce fait, le groupe se rapproche d'autres formations faisant attention à son look, tentant de se distinguer au mieux des autres par son identité et sa façon de nous délivrer son metal, à la manière de Slough Feg ou de Lunar Shadow. Le groupe se forme en 2002 et ne compte aujourd'hui plus qu'un seul musicien original, à savoir Christian Horton, officiant aux guitares et au chant depuis la sortie du premier album, en 2009. Et au rythme d'une sortie tous les deux ou trois ans, on est là sur une moyenne relativement classique pour un groupe de cette trempe. Oak Ash & Thorn est donc - déjà ! - le cinquième disque de nos Anglais, succédant ainsi à un excellent Beyond the Veil qui alternait brillamment entre heavy, folk et power sans tomber dans la pastiche dans aucun de ces trois genres, avec des compos relativement longues en moyenne (un disque de 1h10, quand même !) et des refrains mémorables. Sortir un nouvel album après ce chef-d'oeuvre était une véritable épreuve qu'ils n'ont visiblement pas su mener à bien.
Alors, qu'on ne me méprenne pas : je ne vais pas dire que du mal de ce nouveau Dark Forest. Au contraire, et c'est par quoi je vais commencer, le groupe nous offre un contenu parfaitement honnête. Tout d'abord, la forme : cinquante-deux minutes de musique, c'est un poil plus court que sur le prédécesseur, - mais étant donné sa longueur qui invitait à réfléchir avant de se décider à s'y attaquer d'une traite, c'est plutôt une bonne chose - raison dûe à un chiffre moindre de compositions (neuf contre douze) et à la présence d'une piste introductive d'une minute et demie. La production est sensiblement la même que d'habitude, à savoir un son de guitare très doux, presque rock et une basse bien mise en avant, créant ainsi cette atmosphère rétro tant convoitée de nos jours. Seul bémol concernant la forme, la pochette, non seulement trop similaire à Beyond the Veil mais en plus bien moins jolie - à mon goût. Une chose assez surprenante puisqu'on retrouve derrière la palette Duncan Storr, qui avait déjà signé l'artwork précédente, ainsi que celle d'autres groupes majeurs du folk metal, à savoir Elvenking et Skyclad - le monsieur ne découvrait donc pas le milieu.
Concernant le fond, le groupe ne change pas d'un iota sa formule qui les distingue tant et continue de nous proposer des morceaux assez chargés et plutôt longs. On y retrouve également l'influence folk dès la piste d'ouverture "Ælfscýne", avec une intro chargée de sons de nature qui feraient rêver certains citadins. Autrement que sur ce titre, pour ressentir tout l'aspect folklorique de cet album, il faudra prêter un oeil attentif aux paroles. Musicalement, on sera beaucoup plus sur du Slough Feg avec un côté épique accentué. Les leads mélodiques sont légions ("Wayfarer's Eve", "Heart of the Rose", "The Woodlander"...) et les moments plus glorieux, plus vibrants, ne seront pas rares ("Avalon Rising", "Heart of the Rose", "The Woodlander" encore...). En cela, Dark Forest excelle, comme il nous le démontre sur chaque disque : le quartet semble plein d'imagination quand il s'agit de nous bombarder d'harmonies mélodiques et autres incitations à prendre l'épée. Les moyens employés sont nombreux : guitares cleans qui offrent un instant de répit, soli façon Blind Guardian, montées introductives grandiloquentes, mélodies de main riff... à ce niveau, il y a à boire et à manger.
Cependant, tout cela ne me convainc guère. Je suis pourtant très friand de ce genre de musique mélodique et plus discrète dans son exécution, comme ma chronique dithyrambique sur le dernier Lunar Shadow l'a montré, mais Dark Forest ne m'a pas convaincu jusqu'au bout. Trop de passages corrects, sur lesquels on n'a tout simplement rien à dire, et qui s'écoutent... comme j'écouterais à peu près n'importe quoi d'autre pour faire passer le temps. Rien de mal en soit, encore une fois, bien que certains titres souffrent d'une certaine longueur, à l'image de "Eadric's Return", un peu plus déchaînée et blindée de mélodies, mais qui pourtant n'arrivent pas à rester gravé dans ma mémoire. A ce compte, je pourrais également toucher un mot sur la piste éponyme, qui montre un côté prog assez intéressant dans la construction, mais dont les onze minutes représentent plus un obstacle qu'un atout.
Oak, Ash & Thorn souffre de son ascendance bien trop glorieuse : après quelques bijoux comme Beyond the Veil ou Dawn of Infinity, il est compliqué de garder un intérêt intact, même en s'appliquant brillament à suivre une formule musicale parfaitement honorable. On compte ainsi trop de morceaux sympathiques, bien construits et qui apportent leur quota d'épique et de mélodique, mais qui ne sont pas marquants pour autant. D'autant que leurs aînés, eux, ont bien mieux réussi à ce niveau-là ; pour ce disque, c'en est presque fatal.
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