chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
162 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Dream Theater - Dream Theater

Chronique

Dream Theater Dream Theater
Il n'y a probablement que Dream Theater qui pouvait être capable de louper son album éponyme avec autant d'allégresse. Ce groupe âgé de presque trente ans en 2013 avait pourtant annoncé ce nouvel opus en grande pompe : pochette intégralement noire et astrale, sobrement bardé du logo original du groupe, lorsqu'ils s'appelaient encore Majesty dans les années 80 et n'étaient encore qu'une bande de nerds vêtus de cuirs qui effrayaient les vieilles dames. S'ils n'effraient plus grand monde aujourd'hui (ils sont beaucoup trop gentils et sympathiques pour ça), ils sont en tout cas devenus les héros de toute une génération de fans qui est restée durablement traumatisée par le départ de leur batteur emblématique en 2010. C'est donc autour de John Petrucci (guitare), fier capitaine de ce clinquant navire chromé, que le quintet, composé des légendaires John Myung (basse), James LaBrie (voix), Jordan Rudess (clavier) et Mike Mangini (batteur), revient avec des ambitions dévorantes. Un groupe légendaire qui sort enfin son album éponyme, ça ne pouvait que bien se passer, non ?

Non. Il y a quelque-chose de presque impalpable qui ne fonctionne pas dans ce Dream Theater. Ses intentions étaient pourtant bonnes : revenir à un metal progressif alambiqué et finement travaillé, avec des ponts aussi désarçonnants qu'improbables. Le recul le termine comme l'un de leurs albums les plus faibles, irrémédiablement destiné à prendre la poussière auprès du fadasse Falling into Infinity (1997) dans mes étagères. Pourtant, je lui en ai donné, des chances... mais il n'y a pas beaucoup de morceaux ou même de riffs à sauver dans ce qui s'apparente à un naufrage. « Surrender to Reason » et son riff en contretemps hargneux propose quelques moments intéressants, qui ont su éveiller mon intérêt, presque jusqu'aux frissons, malgré un côté somme toute assez poussif. La basse agressive de John Myung qui mène la danse à un moment me rappelle qu'il reste, tapi dans l'ombre, une légende absolue de son instrument. Il faut aussi chercher du côté d'« Enigma Machine », belle tentative instrumentale de renouer avec des riffs prog nerveux d'antan, des qualités indéniables. Pourtant, ce morceau ne décolle guère et s'avère finalement tristement random. Le break floydien de « The Looking Glass » est clairement séduisant, avec une basse qui attrape Roger Waters par le col pour un instant, aux côtés de la guitare de John Petrucci qui convoque David Gilmour avec dévotion. Quant à « Illumation Theory », gargantuesque morceau final qui vient faire tressaillir l'encéphalogramme, il réveille durant 22 minutes la créativité débridée du quintet de New-York : des riffs metal percutants, des mélodies heavy accrocheuses et surtout des lignes de chants ultimes. Les partitions de basse de John Myung, agressives et aériennes, cartonnent la tronche. Tout comme les passages prog barrés en contretemps la maltraitent sévèrement, nous laissant tout pantois et défigurés. C'est évidemment le meilleur morceau de cet album, et de loin. Il n'échappe toutefois pas à quelques longueurs : le passage atmosphérique où les violons pleurent une mélodie emphatique à la Disney l'empêchera de figurer au panthéon des morceaux fleuves de Dream Theater : décidément, rien ne pouvait se passer comme prévu.

J'ai tout de même l'impression que tous les défauts que ses détracteurs s'accordent à relever chez le groupe sont poussés à leur paroxysme. L'ensemble me fait l'effet d'un gloubi-boulga certes très finassé, derrière lequel j'imagine moult brainstormings et schémas griffonnés sur tableau blanc, mais terriblement banal. Sans âme ? Non, le groupe n'arrivera jamais à cette extrémité. Cependant, son génie en prend en coup, d'autant plus que James LaBrie, qui commence à prendre de l'âge, force le trait. Sa voix n'a plus l'éclat d'avant, c'est évident, mais il a tendance à saborder le navire avec des manières d'un autre temps qui ne passent plus vraiment. Je n'ai jamais été irrité par sa tessiture (à part peut-être dans certains albums live), bien au contraire, mais certains passages de cet album font ressortir certains de ses défauts : ce qui pouvait être des lignes de chant géniales jadis deviennent ici un peu surannées. Son envolée dans le refrain de « The Looking Glass » :

« You live without shame, you're digging up a gold mine.
Standing on the sidelines, watching through a looking glass »

… me laisse de marbre, alors qu'elle avait tout sur le papier pour me plaire. Qui d'autre pourrait pourtant porter ce groupe, comme il l'a fait avec dévouement pendant des années, au péril de sa santé ? Personne, c'est évident. Mais marquée de son sceau, « The Bigger Picture » est d'une niaiserie confondante, que ce soit dans les paroles...

« Shed your light on me, be my eyes when I can't see.
Shed your light on me, be my guide so I can see the bigger picture. »

… ou dans la mélodie, qui dégueule de guimauve à tous les étages. Il y avait quelques riffs intéressants, pourtant, notamment le motif polyrythmique du début de morceau qui partait plutôt bien. « Behind The Veil », après une introduction interminable, entre dans un feeling old school prétendument badass. Alors qu'il prétendait nous rentrer dans le lard, ce morceau est tout juste bon à couper du jambon blanc lyophilisé. Le tube « The Enemy Inside » a des qualités, comme son premier riff sautillant, mais pêche encore par un excès de facilité et finalement assez peu d'inventivité dans ses riffs. Si, si, vous savez, le petit truc qui fait qu'on aura envie d'y revenir. Alors bien sûr, le refrain reste dans la tête : les New-Yorkais savent encore nous flatter les oreilles avec une certaine réussite, qui émerge notamment dans la pluie de notes de claviers dont Jordan Rudess s'est fait une spécialité. Mais celle-ci ne fait illusion qu'un temps, se heurtant de plein fouet aux longueurs intrinsèques du morceau, dont on fera finalement assez rapidement le tour après de multiples écoutes. Un peu à l'image de l'album, en somme... la ballade « Along for the Ride » vient finir d'exécuter sa crédibilité : cette énième ballade random, dans lequel le groupe étire exagérément des motifs éculés et clairement dépassés, confine à l'insupportable. C'est le moment de recycler, moi aussi, une analyse que je faisais précédemment: ces morceaux un peu empathiques, pourtant récents, ont déjà terriblement vieilli. Pourtant, Dream Theater ne se dévoie pas vraiment ici, il nous sert juste une recette un peu éventée.

En tout cas, Mike Mangini, certainement doté de l'un de ses kits éléphantesques, défouraille à tout va, ses patterns atteignent un niveau incroyable de technique et de percussion. Il dégouline de breaks dantesques et de travail minutieux sur les cymbales pour montrer toute l'étendue de son talent évident. Il n'y a qu'à entendre son subtil jeu sur la ride au début de « The Bigger Picture ». Je ne peux m'empêcher de ressentir une profonde empathie pour lui et de comprendre totalement ce petit complexe d'infériorité qui doit quand même, au fond de lui, le pousser à en faire des caisses. Soyons clairs, je ne m'abaisserai pas à rentrer dans l'un de ces débats stériles qui tranchera entre les deux Mike à l'aide d'un avis pseudo-éclairé. Son attaque de caisse claire est robotique ? Il est trop clinique dans son jeu ? Forcément, ce n'est pas Mike Portnoy mais il a des qualités indéniables, apportant notamment une percussion très metal au combo, notamment en live. En tout cas, je ne fais partie ni des des défenseurs de l'un, ni de l'autre. Et je n'irai certainement pas, comme tous ces connards des Internets, appeler compulsivement au départ de l'un pour retrouver l'autre à chaque annonce du groupe. Mais si les New-Yorkais ont admirablement montré dans A Dramatic Turn of Events (2011) qu'ils ont survécu au départ de leur légende à la barbe bleue, force est de constater qu'ici, leur maître à penser leur manque un peu. Qu'importe, John Petrucci et Jordan Rudess charbonnaient déjà sur le successeur de cet album raté ; à trop vouloir en faire, Dream Theater s'est perdu dans Dream Theater mais saura se retrouver.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Dream Theater
Metal progressif
2013 - Roadrunner Records
notes
Chroniqueur : 4/10
Lecteurs :   -
Webzines : (10)  6.69/10

plus d'infos sur
Dream Theater
Dream Theater
Metal progressif - 1988 - Etats-Unis
  

vidéos
The Enemy Inside
The Enemy Inside
Dream Theater

Extrait de "Dream Theater"
  

tracklist
01.   False Awakening Suite  (02:42)
02.   The Enemy Inside  (06:17)
03.   The Looking Glass  (04:53)
04.   Enigma Machine  (06:01)
05.   The Bigger Picture  (07:40)
06.   Behind the Veil  (06:52)
07.   Surrender to Reason  (06:34)
08.   Along for the Ride  (04:45)
09.   Illumination Theory  (22:17)

Durée : 1:08:01

line up
parution
24 Septembre 2013

voir aussi
Dream Theater
Dream Theater
Distance over Time

2019 - InsideOut Music
  
Dream Theater
Dream Theater
Images and Words

1992 - Atco Records
  
Dream Theater
Dream Theater
A Change of Seasons (EP)

1995 - EastWest Records
  
Dream Theater
Dream Theater
A Dramatic Turn of Events

2011 - Roadrunner Records
  
Dream Theater
Dream Theater
Metropolis, Pt. 2 – Scenes from a Memory

1999 - Elektra Records
  

Essayez plutôt
Devin Townsend
Devin Townsend
Acoustically Inclined - Live in Leeds (Live)

2021 - InsideOut Music
  
Evergrey
Evergrey
A Heartless Portrait (The Orphean Testament)

2022 - Napalm Records
  
Vanden Plas
Vanden Plas
Christ Φ

2006 - InsideOut Music
  
Tool
Tool
Opiate (MCD)

1992 - Volcano Entertainment
  
Meshuggah
Meshuggah
I (EP)

2004 - Fractured Transmitter Recording Company
  

Idle Hands
Mana
Lire la chronique
Personal War
Personal War (EP)
Lire la chronique
Nine Inch Nails
Pretty Hate Machine
Lire la chronique
Mütterlein
Amidst the Flames, May Our ...
Lire la chronique
Fragments Of Unbecoming
Dawnbringer (Chapter VII - ...
Lire la chronique
Death Whore
Blood Washes Everything Away
Lire la chronique
Grind in Paris
Rectorragie + Serpillère +...
Lire le live report
Sulfuric Cautery
Subsequent Torture Sessions...
Lire la chronique
Reject the Sickness
Signs of the End
Lire la chronique
Golem Of Gore
Ultimo Mondo Cane
Lire la chronique
LIXIVIAT FESTIVAL #3
Always Never Fun + Cannibal...
Lire le live report
La photo mystère du 1 Juillet 2025
Jouer à la Photo mystère
Cytotoxin
Biographyte
Lire la chronique
The Great Procession
To Another Sun
Lire la chronique
Mordred
Fool's Game
Lire la chronique
Abscess
Tormented
Lire la chronique
Anthropic / Consuming Misery / Morgue Terror
Sickening Slabs of Brutalit...
Lire la chronique
Phrenelith
Ashen Womb
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Juin 2025
Jouer à la Photo mystère
Execution
Camisole
Lire la chronique
Entretien avec Endless Agony
Lire le podcast
Scarset Rebellion
Flesh Against The Void
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Juin 2025
Jouer à la Photo mystère
Sale Freux
Vol de travers
Lire la chronique
Today Is The Day
Today Is The Day
Lire la chronique
Prieuré
Jusqu'au bénitier
Lire la chronique
Urfaust
The Constellatory Practice
Lire la chronique
Morbific
Bloom Of The Abnormal Flesh
Lire la chronique
Tour 2025
Daria + The Jesus Lizard
Lire le live report
La photo mystère du 16 Mai 2025
Jouer à la Photo mystère
Bleed
Bleed
Lire la chronique