Les gars de SUFFOCATION étaient passés à la Gaîté Lyrique en juin dernier dans le cadre d'un événement Arte Concert, et je les avais loupés. C’est donc aujourd’hui une belle occasion de se rattraper, mais aussi de revoir ANGELMAKER car j’ai un excellent souvenir de leur dernière venue à Paris en janvier 2023. Et comme Garmonbozia nous fait le plaisir de nous proposer cinq groupes, il va y en avoir trois à découvrir, peut-être de bonnes surprises ?
MÉLANCOLIA
À ne pas confondre avec les Colombiens qui jouaient du Fúnebre Black Metal, ni avec les Canadiens officiant dans le Melodic Black/Death Metal, ces deux groupes ne semblant d’ailleurs plus en activité. Non, celui dont il s’agit prend un accent aigu sur son « e » et malgré cela, il n’est pas français car ses membres sont de Melbourne. Ils se présentent à 4 : un chanteur, deux guitaristes (dont un qui donnera de la voix) et un batteur (pas de bassiste). Après un
single paru en autoproduction en 2022, les Australiens avaient signé chez Nuclear Blast pour la sortie de leur premier album « HissThroughRottenTeeth » l’année suivante. Je me demande assez rapidement ce qui avait plu au label parce qu’en dépit d’un
look « Gothic core » qui retient l’attention, le Deathcore que j’entends me semble assez quelconque, voire plat (tout du moins en
live car à la réécoute chez moi, ça passe mieux). Comme souvent dans ce style, les vocaux sont variés, avec
growls, beaucoup de voix de gremlins et je crois percevoir du
pig squeal de la part d’un guitariste. Le
frontman finit par annoncer qu’il n’en reste plus que deux à jouer et sollicite un
circle pit. Je n’ai pas bien l’impression que ça prenne mais je dois avouer que ma station au bar au bout d’un moment (Sosthène, sors de ce corps ; enfin, pas comme sur la pochette de « HissThroughRottenTeeth » !) ne me permet pas de scruter attentivement la réaction du public.
CARCOSA
Cette tournée amène les Canadiens pour la première fois en France et en Europe, ce qui fait qu’ils ne sont pas encore connus ici. À ce sujet, le chanteur nous demande qui a déjà entendu parler d’eux et très très peu de mains se lèvent. Tout comme pour
MÉLANCOLIA, on a affaire à un combo de Deathcore sans basse, composé d’un vocaliste, de deux guitaristes (mais un seul est sur scène, je n’en connais pas la raison) et d’un batteur. Mais à la différence des Australiens, l’aspect visuel est moins léché, plus brut de décoffrage (cela s’entend aussi dans la musique avec parfois des accents Hardcore). En effet, le
dresscode de
CARCOSA, c’est parka et sweat à capuche, et même capuche + casquette pour le grogneur. On nous parle pas mal de cinéma pendant ce
set puisqu’une des chansons est liée à « Star Wars » quand une autre évoque Uma Thurman. À propos de cette actrice, il vous faut visionner leur clip
« Righteous Man » (
single soutenu par les Français de Blood Blast Distribution) qui reprend à leur façon et d’un genre humoristique les scènes cultes du film « Pulp Fiction ». Faisant suite à un passage ultra lourd avec
breakdown d’enculé, et entre
shrieks et
growls, le brailleur très à l’aise n’hésite pas à se trémousser, c’est bonne ambiance. Un solo de guitare pendant le dernier titre afin de relever l’ensemble et il ne me restera plus qu’à poser une oreille attentive sur leur long-format « Anthology » et leur court « Absent » afin de redécouvrir et de continuer à explorer leurs compositions plus tranquillement.
FUMING MOUTH
Beaucoup plus de monde d’un coup dans la salle alors que l’assistance était plus modeste pour les deux premiers groupes. Mais d’où sortent tous ces gens ?!
FUMING MOUTH doit avoir sa petite notoriété. Pourtant inconnue jusqu’à présent de Thrashocore, la formation existe tout de même depuis 2013 et a déjà publié 2 démos, 5
singles, 2 EP, 1 split et 2 albums ! Elle se fait un peu désirer ce soir, mais c’est pour mieux nous captiver une fois qu’elle commence à jouer. Les Américains sont organisés autour d’un guitariste chanteur très expressif (avec le deuxième en soutien pour les chœurs) qui demande avec assurance un
mosh pit, ainsi assiste-t-on aux premiers
pogos de la soirée. Le Death Metal
old school du quatuor alterne judicieusement parties lentes (on me cite
ASPHYX) et accélérations un peu Crust, le tout emmené par un cri éraillé à la Chuck Schuldiner. Mention spéciale pour « Out Of Time », le titre d’ouverture de leur dernier long intitulé « Last Day of Sun » qui rend très bien en
live. Un
circle pit avant de conclure par un morceau contenant étonnamment du chant clair. C’est totalement dispensable, et à mon avis la seule faute de goût. Sinon, très belle prestation qui me donne envie de creuser davantage leurs sorties.
ANGELMAKER
Je les avais vus ici même en ouverture de
SHADOW OF INTENT à une époque (2023) où les problèmes techniques (notamment de micro) y étaient courants, je croise donc les doigts pour que ça se passe mieux ce coup-ci. En tout cas pour leur retour en France deux ans plus tard, ils sont très bien accueillis par leurs fans parisiens, et les Canadiens le leur rendent bien avec cette dédicace pour tous ceux qui les ont déjà vus. Je m’étais noté qu’ils étaient 6 sur les planches lors de leur premier passage mais je compte 7 aujourd’hui, avec toujours 2 chanteurs et un des 3 guitaristes en renfort pour beugler. Ils nous annoncent fêter les 10 ans de « Dissentient », leur tout premier format complet, ce qui lance encore un
circle pit après d’innombrables
pogos et un
wall of death. C’est vraiment excellent, un énorme succès dû aussi bien à leurs
breakdowns qu’aux solos que tout le monde apprécie. La
setlist marche bien également, avec des titres récents tels que « Lazarus » du dernier album, qui complètent des classiques comme « Leech » (avec sa fameuse entame « You're a fucking coward ») sélectionné pour finir le
show en beauté, il est ovationné et occasionne un nouveau
pogo. Le tourneur a fait un très bon choix de prendre
ANGELMAKER en co-tête d’affiche, les Torontois foutent le feu au Glazart et je n’ai relevé en plus aucun souci de réglages cette fois.
SUFFOCATION
Les rangs se resserrent pour accueillir le quintet légendaire mené par le non moins légendaire Terrance Hobbs. Les Américains nous ont prévu une
setlist aux petits oignons avec bien sûr des extraits de leur dernière sortie « Hymns from the Apocrypha » qu’il s’agit toujours de promouvoir mais aussi un certain nombre de classiques évidemment très attendus. Donc on se prend notamment dans les dents les traditionnels « Liege of Inveracity » (joué plus de 500 fois !), « Effigy of the Forgotten », « Thrones of Blood » (obligé d’avoir un représentant de « Pierced From Within ») et « Catatonia » (sur l’EP « Human Waste ») que le chanteur Ricky Myers nous explique avoir été la première chanson écrite par
SUFFOCATION (et dont le riffing a dû inspirer les début de
CARNIFEX). Il n’en faut pas plus pour que les premiers
slams (depuis la fosse, et ensuite depuis la scène) se transforment en un mix de
pogos et de
circle pit quasi continu. Du côté des artistes, la basse est énorme (« Il faut s’attendre à entendre la basse » avait prévenu un spectateur à son comparse juste avant que ça commence), les solos en bas de manche de guitare et les
slam parts sont extrêmement efficaces, et Ricky impressionne. Il a beau être le dernier arrivé (2019), on peut dire que son absence se remarquerait aisément (j’ajoute qu’il est très attentionné d’aider à réceptionner les slammeurs qui arrivent sur l’estrade). J’en profite encore pour glisser qu’à un moment, il cède son micro quelques secondes à un invité et que si un lecteur sait de qui il s’agit, ça m’intéresse de recevoir l’information. Cela nous amène à la fin du programme, lorsque Ricky se surélève pour annoncer « Infecting the Crypts » en guise d’au revoir. On aurait espéré un rappel mais ça va être compliqué si Eric dévisse ses cymbales… Cela aura été une
masterclass de Death brutal comme peu de groupes en sont capables (on pense aussi à
DYING FETUS, hein), grandiose !
Les 2 têtes d’affiche ont assuré et il y a eu de bonnes découvertes avant, ça fait plaisir. D’autant plus avec la bonne ambiance d’un Glazart aussi bien rempli que je n’avais pas vu depuis BATUSHKA/KANONENFIEBER/HOULE en novembre 2023. Et on est vraiment chanceux car sur les 30 dates de cette tournée européenne de SUFFOCATION, c’était la seule prévue pour la France !
2 COMMENTAIRE(S)
12/03/2025 18:03
12/03/2025 09:13