On connaît à Nantes les « LADLO Fest » et les « Frozen Nights », respectivement organisés par les labels Les Acteurs De L’Ombre et Frozen Records. Ces maisons n’oublient pas les Parisiens puisqu’on a déjà bénéficié de deux « LADLO in Paris » (voir live report du 2ème) et que la 16ème « Frozen Night » se tient ce dimanche au Klub. Cette première de Frozen Records dans la capitale est rendue possible grâce à son association avec Headache Booking, jeune orga locale (c’est seulement son 3ème concert) qui affiche un petit faible pour le Black Metal et le Screamo. Si vous voyez le slogan « Violent Music for Sad People » quelque part, c’est bien d’eux dont il est question.
ARDENTE
ÆTHĚRĬA CONSCĬENTĬA a dû annuler sa participation à cette tournée et selon les dates, le groupe de remplacement est
NVAGE (duo parisien de Sludge Gaze / Post-Metal) ou
ARDENTE, concept solo de Black Metal cru et médiéval de la Rennaise Vöghräth (aka Lila Chupin). C’est le projet de cette dernière qui nous fait grâce de sa présence au pied levé pour le concert du Klub. AxGxB nous en a déjà parlé à l’occasion de la chronique de
« La Nuit Éternelle », l’unique long-format du
one-woman band (qui a 25 autres projets selon Metal Archives !). On a donc affaire à du Black Metal plutôt
raw saupoudré de
leads mélodico-épiques qui nous renvoient au Moyen-Âge, et à quelques nappes de clavier pour un ensemble qui devrait plaire aux fans des anciens
SATYRICON. Sur le papier, pas évident de tenir 35 minutes en solo tout en maintenant l’attention de l’assistance. Surtout que Lila, seule sur scène, arrive (et repartira) sans prononcer un mot, avec un col lui couvrant le visage jusqu’au haut du nez, nouvel indice s’il le fallait que les échanges avec le public ne font pas partie du programme. Mais ses compositions variées qui sont capables de nous proposer aussi bien une longue intro de clavier qu’une avalanche de
blasts ou encore des trémolos sortis des enfers font mouche, elle est applaudie. Dommage juste que ce soit entièrement en instrumental alors qu’on peut entendre des passages chantés sur l’album.
Dans un autre genre (Death / Goregrind), on vous avait déjà parlé de Ré de
GORUPTED qui assure en
one-man band sur scène, on sait maintenant qu’on peut ajouter
ARDENTE à la liste.
LIMBES
C’est la soirée de découvertes
live de projets solitaires, ainsi Guillaume relève à son tour seul le défi de nous embarquer dans son univers. Il s’agit du chanteur de
RANCE (RIP ?) dont le cocon de soie
BLURR THROWER (qui reposait sur l’opposition du Vide et du Flou, cf.
interview) avait donné naissance au papillon de nuit
LIMBES en 2021. Comme Jean-Clint l’explique dans sa chronique du dernier album du multi-instrumentaliste paru l’été dernier (
« Liernes »), le propos apparaît « torturé et sensible ». Le
show du Parisien est à l’évidence introspectif et nous sommes pris par l’intimisme d’une voix déchirante et maladive. L’emploi du synthé (enregistré pour l’occasion) confère en outre un aspect anxiogène, renforcé par un mur de fumée qui nous fait perdre nos repères et nous transporte dans les limbes les plus profonds. Guillaume parvient à poser un ton dérangeant et plaisant à la fois, une prouesse à recommander aux amateurs de sonorités dépressives et éthérées. Tout comme Vöghräth d’
ARDENTE, il repart en coulisses sans ne rien dire. Car c’est dans l’isolement du moi que s’apprécient les vertus cathartiques (auto)hypnotisantes de la musique de
LIMBES…
À revoir à Nantes pour le Frozen Fest le 7 juin, à Paris le 27 juin avec
ULTHA &
NATURE MORTE, et dans le Nord en octobre pour le Tyrant Fest.
BATAILLE
Inconnu de nos colonnes jusqu’à présent,
BATAILLE est un duo nantais composé d’un
YouTubeur (Maxwell) et d’un guitariste d’
ÆTHĚRĬA CONSCĬENTĬA et de
GRAVEKVLT (P.A. Cantat/RiffThrower). L’entité a à son actif deux EP et un LP et évolue dans un style qui nous remémore les intros de
SUMMONING. Le souci dès le début de leur
show est un problème matériel qui empêche l’activation de la vidéo. À la place, un écran bleu affiche « Signal HDMI : Pas de source » (qu’ils finissent par éteindre à mi-parcours). Ça tourne donc au fiasco technique, « une expérience désastreuse » pour les citer. Car selon les compositeurs, «
BATAILLE en
live, c’est un ciné-concert, entièrement construit autour du film monté spécialement pour l’occasion », donc c’est loupé. La poisse continue un peu plus tard avec un synthé devenu muet. Maxwell se montre très frustré et j’ai l’impression que P.A. meuble un peu en attendant de voir l’évolution de la situation. Mais bon, avec ses 2 PC et son synthé qui fonctionne à nouveau, le YouTubeur finit par se concentrer sur la musique (ainsi qu’un peu de chant) et arrive à dérouler sa
setlist tant bien que mal. Mis à part quelques sonorités rétros (je pense à Jean-Michel Jarre à un moment), c’est du Black atmo / Dungeon synth qui me semble assez classique (sans être fin connaisseur du genre) et les fans parviennent tout de même à profiter de l’invitation au voyage.
Pour leur première fois à Paris, les Nantais se souviendront de leur bataille avec la technologie. Espérons les revoir prochainement dans des conditions optimales afin d’expérimenter la performance dans sa globalité (ils passent au Frozen Fest de Nantes le 8 juin).
NATURE MORTE
J’avoue qu’il m’arrive de confondre les logos de
LIMBES et de
NATURE MORTE, tous deux formés de bâtons blancs resserrés et étirés en hauteur. Ces entités profitent également toutes les deux de leurs représentations scéniques pour nous offrir des
sets mettant en avant l’émotionnel, avec un côté intimiste recherché. Guillaume le fait de façon assez dépouillée tandis que les trois comparses dont il est maintenant question jouent davantage sur la sophistication. J’avais eu l’occasion de vous parler de leurs jeux de lumières lorsqu’on les avait vus au
Tyrant Fest VI, le rendu des projecteurs posés au sol m’avait alors marqué. Ce soir, des
spots sont également accrochés en hauteur et le résultat est juste magnifique, comme en témoignent certaines photos (aussi beaucoup de fumigènes). On en prend donc plein les yeux mais les perceptions olfactives sont en outre sollicitées avec une odeur agréable (de l’encens ?) qui vient nous titiller les narines. Bien sûr, il y a le son et pour ça je vous invite à vous reporter à la chronique d’
« Oddity », par Sosthène. D’ailleurs, je ne doute pas que ce dernier soit à l’affût d’une sauce piquante au logo des gars. Comme ça, on aurait aussi le goût et il ne manquerait plus qu’ils acceptent de se faire tripoter pour ajouter le toucher et obtenir un évènement réunissant les cinq sens. Bon, ça passe hyper vite et je suis autant surpris que déçu quand je réalise que le spectacle touche à sa fin. Entre les
lights qui émerveillent et le batteur qui m’ensorcelle à la fois en abusant des cymbales (j’adore) et en se lançant dans un rythme « doomesque » à souhait, c’est très grisant.
Les amateurs de ce Post-Black Metal / Shoegaze auront le plaisir d’admirer les Parisiens (qui fêtent leurs dix ans) sur les planches du Re-Animator Festival en Bretagne le 9 mai, du Frozen Fest à Nantes le 6 juin et à Paris le 27 juin avec
ULTHA &
LIMBES.
C’est une bonne manie qu’ont les labels d’organiser des plateaux avec leurs poulains, ça me rappelle l’Atone Mass Festival d’il y a quelques semaines. En plus ça marche bien car le Klub affichait complet en dépit d’un gros event à Paris la veille (SAOR, IN THE WOODS, IMERIUM DEKADENZ) et un autre concert le soir même à La Machine du Moulin Rouge (ABORTED & CRYPTA. Qu’ils continuent sur cette lancée, j’en suis très friand !
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par Troll Traya
Par Jean-Clint
Par Funky Globe
Par Tachy_Bunker
Par gulo gulo
Par Ikea
Par Ikea
Par Flesh29
Par Deathrash.
Par Sosthène
Par Ikea
Par gulo gulo